Survivor

La Grande Bretagne. Un pays de toute beauté, d’une richesse incomparable et d’une langue enchanteresse. C’est de ce morceau d’Europe que provient la famille Cooper. Et c’est d’ici que sont partis ces quelques êtres destinés à devenir des créatures maudites. Orion a passé son enfance dans un village dont la gare l’amenait tous les jours à la ville de Londres pour ses études. Durant son enfance, quelques gaffes de cette tête en l’air lui valurent le surnom de « Lactose » par ses camarades. Entre autre, on retrouvait de grandes moustaches blanches sur ses lèvres que l’on devinait facilement être du lait, puisqu’il ne buvait quasiment que cette boisson. Froide, nature, dans un bol ou un verre. Et chaque jour il lui fallait une dose conséquente pour affronter sa journée quelle qu’elle soit. Verser le chocolat dedans était pour lui un pur gâchis de cette crème liquide blanchâtre qu’il idolâtrait tant. À part ce petit fait divers, sa vie paraissait parfaitement banale. Lactose possédait un groupe d’amis dans lequel il s’était facilement intégré, mais passait pour le petit timide qui ne se faisait pas remarquer. Eh oui, il n’était pas bien rebelle, contrairement à ce grand qui intégra son collège lorsqu’il eut treize ans. Son cadet de deux ans s’appelait Brad Jenkins et ils se lièrent d’amitié grâce à la proximité étonnamment proche de leurs demeures. Et puis c’était une réelle fierté que d’aller à l’école avec un petit espagnol à l’accent tout frais et tout angélique.

Dans sa famille, les parents d’Orion étaient à la fois aisés et présents. C’est la mère qui travaillait en tant qu’avocate dans un cabinet à Londres. Son père était quant à lui un modeste policier qui refusait de recevoir un grade supérieur que son état de Sergent. Soit disant qu’il possédait assez de responsabilité, et que la famille passait avant son travail à ses yeux. Et c’est de loin la meilleure décision que monsieur Cooper avait prise car il put alors se permettre de passer bien du temps avec son enfant unique. Leur fils n’était pas spécialement bon à l’école. Il réussissait les exercices de logique sans trop de mal et semblait beaucoup apprécier les énigmes. Cependant, il passait plus de temps à regarder le visage de ses camarades ou de son professeur qu’à écrire. Il développa une sorte de fascination dans le visage d’autrui, qui le forçait presque à fixer avec intensité un regard pour l’étudier, le sonder. Un talent de télépathie aurait tout à fait convenu à notre jeune garçon. S’il s’avéra très mauvais en langues et en art, il obtint en revanches de bonnes notes en rédaction. Ses professeurs lui firent remarquer plusieurs fois qu’il avait une très grande imagination. En biologie, il n’arrivait pas à apprendre tous ses cours. Mais ses résultats étaient corrects grâce à la manière de développer ses arguments qui plaisaient beaucoup au professeur. « Vous allez jusqu’au bout des choses, monsieur Cooper. Continuez comme ça. » lui disait-on. Cela semblait ravir son professeur de mathématique, la matière qui lui permettait de montrer fièrement ses bulletins aux parents.

Mr Cooper avait un petit jeu dans la famille. Montrer sa petite fierté à sa sœur, qui possédait une fille âgée d’un an de plus qu’Orion. Alors une concurrence amicale s'établis entre les parents de la dénommée Sally et ceux de Lactose. C’était à celui dont l’enfant ramènerait les meilleures notes. Mais la blondinette avait bien des ressources et si elle était aussi bonne en mathématique que son cousin, elle s’avérait en revanche bien meilleure que lui en biologie. Les enfants se fichaient cependant de l’éternelle querelle entre les adultes. Ils s’entendaient bien et s’avéraient complices comme frère et sœur. C’est tout ce qu’il y a à retenir. Ils suivirent la même voie au lycée, et se séparèrent dans de grandes écoles différentes. Durant l’adolescence, Orion gardait contact avec son ami Brad. Ils se disputaient rarement, s’entendaient curieusement à merveille et étaient sur la même longueur d’onde pour beaucoup de choses. Et lorsqu’ils trouvèrent une orientation sexuelle commune, ils se déclarèrent l’un à l’autre. Leur couple naquit et, jusqu’ici, jamais ne se brisa. Ils semblaient à la fois soudés et heureux. Pas trop niais, comme si l’expérience les avait gagnés. Peut-être parce qu’ils se connaissaient depuis longtemps et qu’ils vouaient une confiance inébranlable en l’autre ? En tout cas, Orion était absolument certain dans son esprit que Brad était celui avec qui il fera sa vie. Cela lui semblait tellement évident qu’il vivait naturellement avec cette idée, et qu’il accordait en son âme sœur une confiance aveugle. Si aveugle qu’il ne croira jamais quiconque prétendra un acte d’adultère de la part de Brad Mickael Jenkins.

Orion intégra assez tôt une école de Londre où il entama sérieusement les études qui lui plaisaient. Il vivait alors avec Brad, et malheureusement aux frais de ce dernier. Brad devenait Mannequin et son succès déjà à présent suffisait pour les entretenir tous les deux. Alors que les études d’Orion, en revanche, ne lui permettaient pas de travailler à côté pour payer sa part. Sa mère avait perdu son emploi à cause d’une affaire de corruption, il ne pouvait donc pas compter sur ses parents pour l’aider. Mais qu’importe, se disait Orion ? Il fera sa vie avec Brad, donc lorsqu’il aura un métier, son argent sera également celui de son homme. Sa bourse lui servait à payer ses études. Au fur et à mesure qu’ils grandirent davantage, il eut même la surprise de voir apparaître le somptueux corps de son amant en première page sur quelques magazines. Brad commençait à avoir un succès fou, et Orion avait presque terminé ses études dans le domaine de la psychologie. Et il obtint le diplôme du premier coup l’année de ses vingt-quatre ans, décrochant le master après cinq années dans cette école. Orion avait bien sûr l’intention de travailler, mais pas seulement. Il comptait également poursuivre trois années d’étude afin d’élaborer une thèse sur quelques formes complexes de troubles mentaux mettant en scène des comportements irréguliers et méconnaissables, tels que la schizophrénie. Il voulait avoir un doctorat.

Fraîchement diplômé et prêt à chercher un cabinet où s’installer en fonction des désirs de Brad, les jeunes personnes continuaient de sortir et de s’amuser de temps en temps dans un groupe d’amis. Ils n’étaient pas nombreux, mais continuaient d’organiser des petites soirées entre eux. Sally était dans le groupe, elle était devenue médecin. Il y avait aussi Josh, une sorte d’ami d’enfance de Brad et d’Orion. Ces derniers connaissaient la véritable nature de ce lycan pourtant inoffensif. Josh était doux comme une peluche, câlin comme un chaton. Et le couple homosexuel se plaisait à s’occuper de ce petit ourson en détresse comme s’il s’agissait d’un petit frère commun. Josh quant à lui, adorait se faire chouchouter par eux deux. Il y avait aussi Nola, une jeune femme qui se chamaillait souvent avec Josh mais que Sally adorait par-dessus tout. Brad ne l’aimait pas trop, alors Orion évitait de trop la fréquenter. Pour fêter les grandes vacances, ces personnes participèrent à un jeu concours organisé par une loterie de Londres. Il y avait à gagner une grande résidence à San Francisco. Ils y achetèrent plusieurs numéros et mirent tout en commun, se disant ainsi que si l’un d’eux était gagnant alors ils se partageraient la demeure. Cependant il était statistiquement clair que leur chance de remporter ce lot était quasiment nulle. De plus, ils y avaient participé plus pour le plaisir que par espoir de gagner. Mais voilà, ils gagnèrent. Et c’est ainsi que cette petite troupe de jeunes prirent l’avion jusqu’en Amérique pour aller passer des vacances dans leur résidence commune. Un rêve !

Tout se passait bien. Ils sont adultes et mûrs pour la plupart, c’est pourquoi ils réussirent à se supporter et à bien s’entendre en colocation. Il n’y eut pas de problème particulier. Ils avaient même accepté de laisser la plus grande chambre au couple homosexuel. Orion profita d’un moment d’intimité pour faire assoir son homme sur leur lit. Il ne réussit cependant pas à lui dire ce qu’il avait sur le cœur, alors il se contenta de l’embrasser nerveusement et de sortir. Mais plus tard dans la nuit, il emmena Brad tout près d’une fontaine qui appartenait à la demeure. Il fit assoir son homme au bord, l’embrassa, rougit, puis il lui montra la bague… Depuis, c’est un couple heureux et fiancé qui arpentait les couloirs de la résidence. Un soir ils se réunirent tous dans le grand jardin de la propriété, autour d’une table contenant de l’alcool. Cette soirée bien arrosée se traduisit par une Nola ivre qui partit se coucher, et un Josh encore bien gai qui se frottait contre Sally en ronronnant. Orion était un peu songeur et avait bien bu lui aussi. Plongé dans une sorte d’euphorie de jeune marié, à la différence qu’il n’était que jeune fiancé. Une bouteille de bière au lait dans la main (c’est lui qui avait rajouté le lait), il souriait bêtement en laissant sa tête faire apparaître devant lui mille et un projets d’avenirs avec son âme sœur. Mais un grognement le fit sortir de ses songes et il vit Josh transformé en bête parce que les nuages écartés avaient laissé découvrir la pleine lune. Le lycan totalement ivre s’exclama qu’il aimait tellement ses amis qu’il voulait qu’ils soient comme lui. Alors il leur sauta dessus puis les mordit, les infectant de sa maladie, qu’ils le veuillent ou non. C’est cette soirée que tout bascula, pour eux. Ils se réveillèrent dans leur chambre, pansés avec un plateau contenant le petit déjeuner et quelques mots d’excuses pour chacun. Après être redevenu sobre, au petit matin, Josh s’est rendu compte de ce qu’il avait fait et s’en voulait atrocement. Mais le mal était fait, et il ne restait environ que vingt-huit jours avant que la prochaine pleine lune ne transforme les humains.

Leur sort n’était déjà pas très enviable, si la jalouse Nola n’avait pas décidé d’y mettre son grain de sel. Lorsqu’elle apprit tout de la bouche de Sally, elle se mit dans une colère glaciale. Elle ne devait pas souhaiter que toute sa bande d’amis soient des bêtes qui risquaient fortement d’en vouloir à sa chair les premiers jours où ils ne sauront se contrôler… Alors uns à uns, Nola les attrapa, but leur sang puis leur fit boire le sien une fois qu’ils furent proche de la mort. Nous savons tous qu’il ne peut y avoir d’hybride. Que si un vampire tente de transformer des humains atteints de lycanthropie, ça les tuera après la pleine lune. Nola avait donc condamné les nouveaux petits vampires, après les avoir tué. Ces morts vivants vécurent dans l’angoisse de la pleine lune et autant dire que la tension à la maison n’était pas des plus légères. Lorsque la pleine lune arriva, ils se transformèrent… à moitié. Leur état de vampire les empêchait de devenir cette grosse bête féroce qu’était Josh une fois ce dernier muté. Orion sentit comme les deux parts de lui-même s’entredéchirer et se battre en lui. Son humanité lui avait été ôtée, et c’est son âme maintenant qui risquait de voler en morceaux sous les coups d’éclats de la lycanthropie et de la porphyrie. Sally se jeta dans la fontaine car elle avait l’impression d’avoir la peau qui lui brûlait. Orion la suivit, c’est comme si cette fontaine semblait les appeler. Il entendait comme une voix dans sa tête qui lui hurlait de suivre sa cousine. Ils burent de cette eau, et Brad aussi. Alors leur état s’améliora un peu, ils avaient moins mal. La médecin se chargea dans les jours qui suivirent de prélever de cette fontaine et de l’examiner. Ils ne surent pas ce qu’elle avait de spécial mais en tout cas, elle leur permettait de ne pas mourir. Leurs deux états ne se battaient pas lorsque l’eau de cette fontaine était présente dans leur corps. Pour qu’elle reste plus longtemps que s’ils ne la buvaient, Sally en fit des injections. Et les hybrides devinrent de réels drogués. C’est ainsi qu’Orion devint un des rares hybrides mi vampire et mi loup, qui aura survécu à son état.