Gabriel DeBlois [Once Upon a Time]

Nous n'avons qu'un monde, mais nous vivons chacun dans le nôtre. À travers le temps, l'Histoire, l'Humanité n'a fait que se répéter alors que les vampires évoluaient dans l'ombre. Notre heure sonnera bientôt, je vous le promets. Ce sera la fin des mondes de chacun, et le début d'un nouveau monde pour tous.

Né en 1770, dans une ère de grand changement en Europe et plus particulièrement en France, Gabriel était déjà promis à un avenir prometteur. Grandissant au domaine familial en Champagne, jeune, il n'avait d'apparence, aucun défaut. Un beau garçon digne d'une œuvre d'art, bénie du ciel. Pourtant, le fait d'être le cadet ne lui promettait pas un avenir des plus resplendissants. Un de ses frères, Armand devint officier dans l'armée royale et l'autre, Henri, fit de la politique à Paris, sans parler de Jacob, qui s'intéressait aux domaines plus mercantile. De son côté, Gabriel n'était encore qu'un étudiant, rêvant de gloire et de pouvoir. Il apprit bien vite l'art de confondre les apparences et de charmer les gens. Certaines choses allaient de soi pour lui, comme la popularité, l'argent, la jeunesse. Pourtant, il ne savait pas vraiment quoi faire de tout cela et profitait plutôt de la vie au jour le jour, toujours à la recherche de nouvelles sensations. Élève brillant, malgré le fait qu'il était détesté de ses tuteurs, comme beaucoup de ses collègues, l'arrivée de la Révolution devait précipiter l'ordre établi. Une bourse de la Sorbonne pour des études en droit devait être l'occasion pour lui de quitter la Champagne trop paisible et de s'installer à Paris. Célibataire, il profitait de la vie et appris bien vite à fréquenter des lieux peu recommandables pour un jeune homme de son statut, mais il s'en moquait. Avec la Révolution, Paris ne fut plus sûr et le jeune homme rentra à contrecœur en Champagne, où ses parents avaient un plan pour lui. À l'approche de Noël, ils établirent un stratagème pour lui trouver une épouse. En effet, les activités nocturnes de Gabriel jetait la honte sur la famille, mais plutôt que de chercher à corriger le comportement du jeune homme, on croyait que l'institut du mariage arriverait à le résonner.

Cependant, toutes ses questions perdirent leurs importances le jour où il décida d'aller au village, par une fraîche nuit d'hiver. Un dernier crépuscule observé du haut d'une crête, puis il fila vers la forêt, désirant tester les limites de son nouveau cheval "Hector". Gabriel ne comprit jamais vraiment d'où venait le vampire qui se jeta sur sa monture et fit renverser son cavalier sur le sol, dans un état de semi-conscience. Le vampire se rendit bien compte que le jeune homme aux traits angéliques ne voulait pas mourir. Pas maintenant... Tel le diable, il lui offrit alors la vie éternelle sur un plateau d'argent, à la condition d'accepter la damnation qu'apporte la vampirisation. Il n'hésita même pas une seconde et accepta la transmission de la malédiction.

Ah la jeunesse et la fougue d'un jeune vampire. Gabriel était d'une immense curiosité et accueillit l'immortalité avec un enthousiasme déconcertant. Sa maîtresse, ou créatrice, se nommait Adèle et l'avait traquée depuis Paris, où elle avait jugé qu'il serait un excellent atout pour les vampires. Il se souciait bien peu du comment ou du pourquoi et il embrassa sa condition sans hésitation, se gavant de sang sans regret, développant ses pouvoirs alors que les années passaient. Toujours serviteur de sa maîtresse, il était un peu comme cet enfant prodige qu'on traîne ici et là pour vanter sa beauté et son mérite. Il parcouru ainsi l'Europe, puis le monde, découvrant d'autres mœurs, d'autres coutumes, vieillissant en âge mental, mais jamais réellement en apparence, prisonnier de ce corps idéal. Il apprit d'autres langages, appris qu'il n'y avait ni Dieu, ni amour. Le monde autour de lui évoluait de plus en plus vite, se transformait peu à peu. En bon vampire, il profitait de toutes les situations. Cependant, le fait d'être traité comme un jouet ou un serviteur, avoir cette dépendance auprès de sa maîtresse ne devait pas lui convenir très longtemps. Ainsi, quand une bande de chasseurs de vampire fanatique, des membres de l'Ordre de Léopold, les traquèrent jusqu'à Prague, au début du vingtième siècle, Gabriel saisit sa chance et réussit à prendre au piège sa maîtresse, qui ne vit pas venir la trahison de son infant. Débarrassé à la fois des humains et de celle qui était ainsi liée à lui, il put reprendre son existence en main et la mener tel qu'il l'entend. Il prit quand même la peine de récupérer le journal d'Adèle. Le savoir d'une vampire de cinq siècles peut toujours être utile après tout.

Son périple le conduisit à Vienne, bientôt à l'aube de vivre sa première guerre mondiale. Gabriel s'en souciait bien peu et était plutôt à la recherche d'une communauté de vampires dignes de se nom. Il en trouva une et pu s'installer quelques temps. Durant ses années, il vécut "de sang et de chair", passant aussi du temps à la bibliothèque, toujours curieux, voulant toujours acquérir plus de connaissances. C'est à cette époque qu'il découvrit le sens qu’avaient certains symboles dans le journal d'Adèle. Il existe un savoir, que peu de vampires connaissent, à défaut d'avoir les facultés nécessaires pour le maîtriser : la thaumaturgie. Cette science est celle du sang et la prémisse de base de cette science veut que le sang ait des propriétés multiples. Cela, les vampires le savent déjà, mais imaginez que ce que les vampires savent, en général, ne soit qu'un indice du potentiel que recèle le sang humain ou celui de d'autres créatures. Déjà, il pouvait maintenant arriver à faire bouillir le sang à l'intérieur d'un corps humain. Toujours discret quant à ses recherches, il dut quand même quitter Vienne, banni par la communauté après qu'il ait tester de nouvelles capacités sur une jeune vampire. Il fallait bien un cobaye et le mot bannir est un grand mot. Il est plutôt parti précipitamment pour ne pas avoir à faire face à une justice expéditive. Ce bref exil le conduisit dans un lieu d'effervescence : Berlin.

Toujours profiteur, Gabriel s'enthousiasma bien vite de se qui se passait en Allemagne à la fin du premier tiers du 20ème siècle. Responsable et bientôt chef d'un des camps nazis, il ne manqua de rien durant cette période. Il pouvait consommer du sang humain et se livrer à des expériences autant qu'il le voulait et sur qui il le voulait. Seul quelques supérieurs vampires s'imposaient parfois, mais bon, nul ne peut vraiment y échapper. Une époque où enfin, selon lui, les humains se rendaient parfaitement utile en servant des intérêts vampiriques. Malheureusement, toutes bonnes choses à une fin et avec la futilité qu'on connait aux humains, la guerre prit fin et le vampire fut forcé de fuir en Argentine, traqué par une cohorte de chasseurs de vampire d'un genre nouveau, plus discipliné et efficace et qui semblait vraiment lui en vouloir. Allez savoir pourquoi... Trop imbu de lui-même pour réaliser à quel point il était dans une situation délicate, il faisait face à une cellule de pseudo-professionnel, désireux d'éliminer un vampire qui en avait trop fait. Convaincu qu'il était le plus fort, la bataille s'engagea, sanglante et sans mesure, un pauvre village d'Argentine en faisant les frais. Une victoire à la Pyrrhus pour Gabriel, qui en sorti vivant, mais de justesse. Au fond de son âme, il renouait avec un sentiment qu'il n'avait plus connu depuis des siècles : la crainte. Ayant perdu fortune et propriété dans le processus, il ne lui restait plus que sa volonté au bout du compte, mais c'est bien tout se qu'il lui faut. Affaibli, il demeura discret, observant le monde qui l'entourait, se fondant parmi les humains, plutôt que de chercher à les traiter comme du bétail.

Les années soixante-dix... les années de la libération pour beaucoup de gens. Un jeune artiste français fort prometteur faisait carrière à New-York et illuminait les soirées mondaines de par ses prestations. Andy Warhol pouvait aller se rhabiller, il le surpassait largement. À défaut d'être un prince parmi les vampires, il pouvait être roi parmi les hommes ou même, un demi-dieu, pourquoi pas, car c'est avec admiration qu'on le regardait. Cependant, comme toujours, prétentieux et se croyant au-dessus du ciel et bien plus bas que l'enfer, le nouveau gourou de New-York commençait à attirer un peu trop l'attention sur lui. Encore une fois, il fuit vers l'Ouest, semant ses traqueurs à Dallas, pour ensuite s'établir à Los Angeles, sous un nouveau nom. C'était la fin des années 80 et les vampires locaux étaient en guerre contre des Lycans, sans oublier l'animosité entre les clans de vampires. Gabriel ne mit pas de temps à choisir le sien: la Camarilla, les préférant de loin aux brutes du Sabbat, qu'il compare à des gens dépassés, des vampires d'une autre époque qui croit que la Terre est plate. Pourtant, il partage tout de même certains de leurs idéaux et la loyauté du vampire n'est pas forcément acquise à la Camarilla, il œuvre selon ses intérêts.

Bien installé, il a une villa dans les collines qui bordent la ville, à Beverly Hills et il tient une boutique d'Antiquité renommé pour ses œuvres d'art et objets anciens. On s'en étonnerait presque. Chaque mois, un grand encan est organisé. Dans l'ombre, Gabriel tisse sa toile, nouant des liens avec quelques hauts placés du côté des humains, comme des élus municipaux, des fonctionnaires fédéraux, se genre de personne. Bien sûr, quand il le peut, il aide aussi la cause de la Camarilla et tente de faire parti de «l'exécutif» du clan. Il a passé l'âge de jouer au chien qui se contente de suivre après tout.